Ai-je déjà mentionné que j'aimais Paris ? Peut-être ici, oui.
Cette
semaine, j'ai pris mes quartiers pour plusieurs jours sur les bords
de la capitale. Il serait exagéré de dire que tout m'émerveille.
Mais tout, absolument tout, m'attire, me surprend, me bouleverse (je
suis une grande sensible) ou m'envoûte.
Les
milliers de marches d'escaliers à monter, descendre, remonter,
redescendre (et je suis nulle en orientation) à côté d'escalators
en panne ou simplement arrêtés, histoire de se conformer au PNNS
(manger-bouger-bla-bla-bla). Pour bouger, je bouge. Une partie du
temps chargée de mon sac de voyage (penser à acheter une valise à
roulette, urgence !) qui pèse une blinde (la blinde étant, comme
chacun sait, une division de l'âne mort). Le deuxième soir, chacun
de mes muscles hurle à la maltraitance ! Lors de mes
précédentes visites, je posais un regard sardonique (j'avoue) sur
les femmes portant des baskets quelle que soit leur tenue.
Aujourd'hui, chaque pas sur mes élégants talons me plonge dans un
rêve fou où, telle l'actrice d'une publicité de parfum, je me
libérerais de mes chaussures pour avancer pieds nus, d'un pas sûr
et néanmoins dansant... Mais bon, je ne suis pas sur les
Champs-Élysées, la saison ne s'y prête guère et je ne vois pas de
caméras. Cela dit, je vendrais mon royaume pour une paire de
baskets, même rose fluo.
Je me suis
– encore – égarée. Je voulais raconter que j'ai marché,
marché, marché, des kilomètres. Et fait des détours innombrables,
accidentels ou volontaires, pour prendre des photos, regarder couler
l'eau brune de la Seine, à laquelle le soleil accrochait des
millions de diamants.
J'ai
contemplé, ébahie, les tours de la Défense, aussi écrasées un
jour par le ciel bleu qu'elles étaient étirées, la veille, par la
brume qui rongeait leurs derniers étages.
J'ai
savouré l'odeur chaude des embouteillages, le parfum enivrant du
métro.
Le métro...
mon chez-moi parisien. Même quand il est tellement bondé qu'on ne
peut prendre qu'une respiration sur deux. Je me suis amusée d'une
femme qui avait réussi à replier un bras pour presser son écharpe
sur son nez et sa bouche. Je me demande qui elle protégeait ainsi,
de quelle odeur. Et lorsque des gens descendaient sur le quai, je me
suis retenue de dire au-revoir à ceux entre les bras de qui j'avais
voyagé. J'ai découvert, de tous mes sens, que dans la foule,
l'indifférence, l'ignorance de l'autre, est le seul moyen de
supporter trois, quatre, voire cinq personnes incrustées dans notre
espace vital.
J'ai vu
aussi une très jeune femme rester assise, j'en avait honte pour
elle, alors qu'un monsieur à l'autre bout de la vie peinait à se
tenir debout à côté d'elle. Et même quand la rame s'est un peu
remplie, elle s'est levée en restant collée au strapontin, sans
paraître avoir l'idée de l'offrir au vieillard, puisqu'elle le
dédaignait... Les gens sont bizarres, parfois.
J'ai adoré
ces journées de sport intensif, suivies de soirées enivrantes au
sens propre. J'explique : dans les restaurants du fond de ma
campagne, lorsqu'on commande une bouteille de vin qu'on n'est pas sûr
de terminer, on se voit tout naturellement proposer de l'emporter.
Mais quand j'ai demandé à la serveuse d'un établissement si
c'était possible, elle m'a regardé avec de grands yeux, j'ai cru
avoir encore de la paille sous mes sabots, puis, après avoir fait
remonter ma demande incongrue à sa hiérarchie, m'a répondu que
c'était interdit. Nous n'allions tout de même pas leur laisser cet
excellent Gaillac, tout le monde est d'accord ? L'avantage,
c'est qu'après, je n'avais plus du tout peur de rentrer à
Courbevoie par les transports en commun. Tous comptes faits (je
n'adore pas cette expression, mais là, je la trouve appropriée),
merci Mademoiselle de m'avoir fait économiser le taxi !
Si je
devais résumer ce séjour à un seul mot, je crois que ce serait
« régal ». Paris glacée, mouillée, illuminée,
fumante, Paris affolante et étonnante, à chaque fois que je viens,
j'ai dans la tête ces quelques mots d'une chanson de mon
adolescence : « Paris, ville de mes rêves... »
Voilà, je viens de passer quatre jours au pays de mes rêves.
C'était trop bien !
Et même ma
voiture doit aimer Paris, puisqu'elle refuse de démarrer pour
rentrer chez nous...
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