dimanche 9 février 2014

Le mutisme, maltraitance ordinaire

Ne rien dire, ne rien faire lorsqu'un enfant a été maltraité, battu, abusé, parce que l'on n'est sûr de rien, parce qu'on juge que s'il se passait vraiment quelque chose, un plus proche, plus concerné parlerait, parce qu'on ne veut pas se mettre à dos cette famille, parce que le présumé prédateur, abuseur, maltraitant est quelqu'un de sympa, qui nous rend service, que sais-je ? Il y a toujours une bonne raison de se taire. 

Ne rien dire, ne rien faire, cela a des conséquences désastreuses et étendues.

La mère qui ferme les yeux, préférant ignorer ce que son grand fils fait à sa petite sœur là-haut, dans sa chambre.

Le frère, qui refuse tout bonnement de croire sa sœur lorsqu'elle lui raconte ce que leur père lui fait subir.

La voisine, qui supporte les bleus aperçus sur tout le corps de la gamine d'à côté.

La mère, encore, qui hausse les épaules, sans surprise ni indignation, lorsque sa fille lui dit, comme on avoue, ce que lui a imposé un vieil oncle, des années avant sa mort.

Le cousin, la copine de fac, l'avocat, la psychologue...

Savez-vous quel message on envoie à ces enfants en ne disant rien ?

C'EST NORMAL

"Qui ne dit rien consent." Lorsqu'un enfant est maltraité, qui ne dit rien valide, approuve, accepte.
Et l'enfant, même s'il se révolte ou se rebelle, au fond, tout au fond de lui, il enregistre que c'est normal.

Alors voilà : en nous taisant, nous autorisons de nouveaux pédophiles à grandir, permettons à de nouvelles victimes de se jeter dans les griffes de leurs prédateurs, à de nouveaux adultes de maltraiter de plus faibles qu'eux, à de nouvelles personnes de se laisser maltraiter.

Ne rien dire, c'est grave, c'est criminel. Il y a toujours quelque chose à faire. Personne ne mérite d'être maltraité, battu, abusé sexuellement. 

Il faudrait arrêter de faire croire aux victimes que ce qu'elles subissent est normal et qu'elles en verront d'autres.

Il faudrait leur donner l'espoir, justement, de ne jamais en voir d'autres.

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