vendredi 15 novembre 2013

Anatomie parisienne


Ai-je déjà mentionné que j'aimais Paris ? Peut-être ici, oui.

Cette semaine, j'ai pris mes quartiers pour plusieurs jours sur les bords de la capitale. Il serait exagéré de dire que tout m'émerveille. Mais tout, absolument tout, m'attire, me surprend, me bouleverse (je suis une grande sensible) ou m'envoûte.

Les milliers de marches d'escaliers à monter, descendre, remonter, redescendre (et je suis nulle en orientation) à côté d'escalators en panne ou simplement arrêtés, histoire de se conformer au PNNS (manger-bouger-bla-bla-bla). Pour bouger, je bouge. Une partie du temps chargée de mon sac de voyage (penser à acheter une valise à roulette, urgence !) qui pèse une blinde (la blinde étant, comme chacun sait, une division de l'âne mort). Le deuxième soir, chacun de mes muscles hurle à la maltraitance ! Lors de mes précédentes visites, je posais un regard sardonique (j'avoue) sur les femmes portant des baskets quelle que soit leur tenue. Aujourd'hui, chaque pas sur mes élégants talons me plonge dans un rêve fou où, telle l'actrice d'une publicité de parfum, je me libérerais de mes chaussures pour avancer pieds nus, d'un pas sûr et néanmoins dansant... Mais bon, je ne suis pas sur les Champs-Élysées, la saison ne s'y prête guère et je ne vois pas de caméras. Cela dit, je vendrais mon royaume pour une paire de baskets, même rose fluo.

Je me suis – encore – égarée. Je voulais raconter que j'ai marché, marché, marché, des kilomètres. Et fait des détours innombrables, accidentels ou volontaires, pour prendre des photos, regarder couler l'eau brune de la Seine, à laquelle le soleil accrochait des millions de diamants.
J'ai contemplé, ébahie, les tours de la Défense, aussi écrasées un jour par le ciel bleu qu'elles étaient étirées, la veille, par la brume qui rongeait leurs derniers étages.
J'ai savouré l'odeur chaude des embouteillages, le parfum enivrant du métro.
Le métro... mon chez-moi parisien. Même quand il est tellement bondé qu'on ne peut prendre qu'une respiration sur deux. Je me suis amusée d'une femme qui avait réussi à replier un bras pour presser son écharpe sur son nez et sa bouche. Je me demande qui elle protégeait ainsi, de quelle odeur. Et lorsque des gens descendaient sur le quai, je me suis retenue de dire au-revoir à ceux entre les bras de qui j'avais voyagé. J'ai découvert, de tous mes sens, que dans la foule, l'indifférence, l'ignorance de l'autre, est le seul moyen de supporter trois, quatre, voire cinq personnes incrustées dans notre espace vital.
J'ai vu aussi une très jeune femme rester assise, j'en avait honte pour elle, alors qu'un monsieur à l'autre bout de la vie peinait à se tenir debout à côté d'elle. Et même quand la rame s'est un peu remplie, elle s'est levée en restant collée au strapontin, sans paraître avoir l'idée de l'offrir au vieillard, puisqu'elle le dédaignait... Les gens sont bizarres, parfois.

J'ai adoré ces journées de sport intensif, suivies de soirées enivrantes au sens propre. J'explique : dans les restaurants du fond de ma campagne, lorsqu'on commande une bouteille de vin qu'on n'est pas sûr de terminer, on se voit tout naturellement proposer de l'emporter. Mais quand j'ai demandé à la serveuse d'un établissement si c'était possible, elle m'a regardé avec de grands yeux, j'ai cru avoir encore de la paille sous mes sabots, puis, après avoir fait remonter ma demande incongrue à sa hiérarchie, m'a répondu que c'était interdit. Nous n'allions tout de même pas leur laisser cet excellent Gaillac, tout le monde est d'accord ? L'avantage, c'est qu'après, je n'avais plus du tout peur de rentrer à Courbevoie par les transports en commun. Tous comptes faits (je n'adore pas cette expression, mais là, je la trouve appropriée), merci Mademoiselle de m'avoir fait économiser le taxi !

Si je devais résumer ce séjour à un seul mot, je crois que ce serait « régal ». Paris glacée, mouillée, illuminée, fumante, Paris affolante et étonnante, à chaque fois que je viens, j'ai dans la tête ces quelques mots d'une chanson de mon adolescence : « Paris, ville de mes rêves... » Voilà, je viens de passer quatre jours au pays de mes rêves. C'était trop bien !

Et même ma voiture doit aimer Paris, puisqu'elle refuse de démarrer pour rentrer chez nous...

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